Abîmes

le jardin de demain est sous vos yeux

Année : 2023
Appel à projet : Festival international de jardins : Jardins de Métis
Thématique
: "Ecologie des possibles"
Localisation
: Grand-Métis, Canada
Mots cléfs : écologie, courbe, trompe-l'œil, abyme, mise en abyme, abimé, abîme,

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Une mystérieuse vague blanche attire l’oeil au milieu de la forêt. « Attire l’oeil », c’est le cas de le dire car plus l’on s’approche, mieux on distingue de petites percées ayant la silhouette d’encoches de jumelles, propices à y accoler ses yeux... La tentation est trop forte, c’est une invitation à regarder à travers : que se cache-t-il derrière ? Que veut-on protéger, préserver ?
À la déception du curieux, force est de constater qu’il ne se trouve rien de particulier derrière cette limite, ou du moins rien de plus que de son côté : la même végétation, les mêmes plantes, bref, la même nature indigène. Et c’est bien ça le message, la morale du lieu, l’expérience du pavillon : le jardin artificiel d’hier doit muter en la nature environnante d’aujourd’hui, et par conséquent, ce qui mérite l’attention et notre devoir de respect et de bienveillance se situe dans la banalité du réel, désormais brut, dépourvu d’artifice. C’est l’idée que l’on se fait du jardin de demain : une forêt vierge, nourricière et foyer de surprises de par la diversité de ses espèces endémiques.

Une fois les yeux plongés à l’intérieur du pavillon, la paroi réfléchissante donne une impression d’infinité dans un espace pourtant conceptualisé quelques mètres et secondes auparavant comme bien fini et clos. Jouant sur les ambiguïtés sémantiques et orthographiques des termes ‘‘abyme’’ (« installation mise en abyme »), ‘‘abimé’’ (nature abimée par l’Homme) et ‘‘abîme’’ (« immensité effrayante »), l’effet miroir donne de la puissance au propos.

Matérialité : Le choix d’un matériau ultra-transformé tel que l’acier n’est pas anodin. Au-delà de ses vertus plastiques et esthétiques, de par la finesse qu’il invoque et l’élégance qu’il dégage, il est tout un symbole de la société moderne qui nous a détachés de la nature et ses éléments. Placé entre le spectateur et l’intérieur du pavillon, prenant la forme d’une paroi séparatrice, il incarne une fois de plus cette scission. Matériau porteur de la révolution industrielle, il demeure aujourd’hui l’emblème d’un système à bout de souffle. Ici, l’utiliser n’est pas le promouvoir, c’est le placer dans une situation inconfortable, qui dérange, qui empêche d’avancer, c’est la situation de l’accusé au tribunal.

Plantes envisagées : Pour accentuer l’effet recherché, la végétation à l’intérieur du pavillon doit être similaire à celle environnante à l’extérieur du pavillon. Plus la continuité sera franche, plus le message à transmettre sera clair.